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Le marché de l’art -les couleurs d’une recomposition

Le dernier rapport économique du marché de l’art de Art Basel et UBS révèle sa transformation continue depuis la pandémie du Covid-19, dans un contexte où instabilités économiques et politiques s’alignent avec de nouvelles opportunités d’investissement pour les plus petits acheteurs.

 

Des volumes en hausse pour des valeurs timides

 

La particularité des dernières performances du marché repose sur un phénomène paradoxal : si le volume des œuvres vendues est en constante augmentation, les valeurs sont en berne. Les vendeurs souffrent en effet de l’absence de ‘top lots’, ces œuvres majeures capables de tirer les prix vers le haut. Leur raréfaction s’observe sur tout le marché : les maisons de vente aux enchères observent ainsi une baisse de 20% de la valeur des ventes, contre 6% dans les galeries. En cause : l’instabilité liée aux présidentielles américaines, l’incertitude provoquée par les conflits internationaux, le ralentissement de la croissance des grandes puissances ... Et les lourdes taxes sur les importations et exportations de l'administration Trump, qui ne risquent pas d'améliorer la situation. 

 

Cette conjoncture est particulièrement remarquée en Chine, où le marché a chuté de 31 % — alors même que cette région porte les espoirs de nouveaux investissements pour de nombreux acteurs de l’art. Mais dans un contexte de baisse de la croissance chinoise, d’un secteur immobilier en crise, et d’incertitude politique, les conséquences sur le marché global sont significatives.

 

Vers la fin de la théâtralisation de la vente ?

 

Un élément discret pourtant essentiel du marché de l’art est bien la théâtralité de celui-ci. Le coup de marteau du commissaire-priseur et la séduction à laquelle se prête le galeriste à un vernissage sont tout autant de stratégies de vente qui permettent de glamouriser l’achat et la vente d’œuvres.

 

Or, le rapport souligne que les ventes privées en maisons d’enchères poursuivent une trajectoire de croissance constante. Il en va de même pour le commerce en ligne, en plein essor, qui ralentit le rythme des ventes aux enchères et affaiblit le lien direct entre vendeurs et acheteurs dans les galeries. Les galeristes estiment d’ailleurs que la perte de ce lien constitue l’un des défis majeurs auxquels ils sont aujourd’hui confrontés. 

Des transformations culturelles qui font du bien​

Malgré des performances qui inquiètent les poids lourds du marché, le rapport met en lumière des tendances qui viennent rafraîchir un univers parfois archaïque.​ L’année 2024 a ainsi vu le pourcentage de femmes artistes sur le marché primaire atteindre un record de 46 %. Leurs œuvres vendues connaissent, elles aussi, une progression continue.​

 

Par ailleurs, si la rareté des œuvres iconiques bouleverse le modèle de vente des maisons et des galeries, elle ne freine pas pour autant l’appétit des acheteurs. Le volume de vente des œuvres Post-War n’a jamais été aussi élevé, une augmentation qui s’observe également dans d’autres segments historiques porteurs, notamment pour les œuvres œuvres modernes, impressionnistes et postimpressionnistes.

Le rapport met ainsi en lumière le phénomène de démocratisation du marché : moins d’œuvres chères vendues, mais plus d’œuvres vendues tout de même. Cela se manifeste par des ventes aux enchères plus importantes, où le nombre de lots présentés atteint des sommets, par manque de top lots. Cette dynamique bénéficie aux acteurs plus petits, plus agiles, et souvent mieux connectés à des clientèles jeunes ou émergentes - à l'image des galeries du marché primaire.  

Dessiner les contours d'un marché ancré dans son temps

Le marché de l'art semble ainsi se recomposer, au rythme d'une course folle vers le nombre d'oeuvres vendues, aux couleurs d'un contexte favorable à l'arrivée de nouveaux acheteurs, du développement du e-commerce, et de la place accordée aux artistes femmes et personnes issues de minorités. Les acteurs de ce marché doivent s'adapter à cette transformation structurelle, et bouger les lignes d'un secteur autant prisé par les investisseurs que par les collectionneurs.

2/05/2025

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